LE RECYCLAGE EN FRANCE
LE RECYCLAGE EN FRANCE
Recycler, mais encore?
Evolution du recyclage
Le recyclage est une activité en perpétuelle évolution : elle a connu un véritable essor à partir des années 1970, avec la professionnalisation du secteur et le développement d’entreprises spécialisées. Cette activité représente aujourd’hui environ 170 milliards d’euros en volume d’affaire ; elle emploie environ 1,8 million de personnes dans le monde. En France, la filière du recyclage fait désormais partie intégrante de notre système de consommation car elle permet de revaloriser de nombreux déchets qui étaient auparavant brûlés ou enterrés. En effet, si le recyclage est aujourd’hui pour nous, en 2021, une évidence, ce ne fut pas le cas par le passé. Il convient donc de rappeler en quoi consiste le recyclage et les raisons pour lesquelles il est désormais devenu incontournable dans nos sociétés modernes.
Les principes du recyclage
Le recyclage consiste à récupérer les déchets produits par les ménages et les entreprises, afin de permettre leur revalorisation pour une autre utilisation. Le tri et le traitement se font généralement par type de matériau : verre, plastique, papier, métal, gravats, électronique, etc. La notion de recyclage n’est pas nouvelle, puisque la réutilisation des déchets – os, peaux, compost, épluchures,… – a accompagné le développement de l’Humanité depuis ses débuts. L’industrie du recyclage prend néanmoins toute son importance à la suite des Trente Glorieuses, période de prospérité de l’après Seconde Guerre mondiale. Cette période, marquée par l’augmentation de la consommation, est également associée à l’augmentation de la production de déchets. Nos sociétés commencent alors à faire face aux conséquences écologiques de ces déchets sur la nature, ainsi que du gaspillage des ressources et de la raréfaction de certains matériaux. Ainsi, au lieu de brûler ou d’enterrer les déchets, les filières de traitement et de revalorisation se sont développées et des systèmes de tri ont été mis en place.
Protection de l’environnement et emploi
Le recyclage présente évidemment de nombreux avantages pour l’environnement. Il permet avant tout de protéger les ressources naturelles, d’éviter la surexploitation dans l’extraction de matières premières et faire des économies d’énergie, toutes énergies confondues. Ainsi, l’acier, les plastiques, les cartons et les papiers recyclés sont autant de tonnes de minerai, de pétrole, d’arbres et d’eau qui n’auront pas été utilisées sans recyclage. La systématisation du recyclage a aussi permis de réduire le nombre de décharges, encadrées ou sauvages, qui finissent par polluer les sols, les rivières et les nappes phréatiques. Outre son bien-fondé, le recyclage est aussi une activité industrielle et une manne économique qui accompagne la croissance de nos sociétés. En France, ce sont près de 1.800 acteurs, publics et privés, qui organisent la filière du recyclage des déchets. Ceci représente donc un nombre important d’emplois spécialisés tels que des conducteurs d’engins, des opérateurs, des techniciens, des ingénieurs ou encore des chercheurs. Face à l’explosion du chômage, en France et dans le monde entier, les nouvelles filières du développement, durable, de l’économie circulaire et des énergies vertes et nouvelles, un espoir renaît.
Où en sommes-nous en France ?
Histoire du recyclage en France
Si la France fait partie des pays les plus engagés en matière de recyclage, tout comme l’Allemagne, , il reste encore de nombreux efforts à faire, pour améliorer la quantité de déchets recyclés dans notre pays. Zoom sur le développement de la filière dans l’Hexagone. Les prémices d’une gestion des déchets en France remontent au 16ème siècle, sous le règne de François 1er qui souhaitait réduire l’insalubrité des rues du royaume. Cette époque voit apparaître le panier, ancêtre de notre poubelle, permettant de diriger les déchets vers des décharges ou vers des activités de retraitement. La France connaît aussi ses premiers recycleurs ambulants, sillonnant le territoire et récupérant des objets à revaloriser et à revendre. La révolution industrielle du 19ème siècle crée de nouvelles problématiques en matière de gestion des déchets. Le développement des villes demande une amélioration des réseaux d’égouts, et les premiers décrets contre les dépôts sauvages voient le jour. C’est d’ailleurs en 1883 qu’Eugène Poubelle, préfet de la Seine, invente le fameux contenant et lance une grande réflexion sur le tri sélectif. Si les années de guerre du 20ème siècle poussent les Français à recycler et à revaloriser, les Trente Glorieuses ont au contraire intensifié la consommation des ménages et la production des déchets. L’année 1975 marque une première étape : les collectivités locales deviennent responsables du traitement et du recyclage des déchets sur leur territoire. Le premier centre de tri n’est pourtant créé qu’en 1988, à Dunkerque. Mais il faut attendre 1992 pour assister au vote de la première loi imposant aux communes et aux entreprises la prise en charge des ordures ménagères. Les années 1990 voient aussi apparaître l’ADEME, l’Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie, dont l’un des rôles majeurs est d’unifier les politiques de traitement des déchets dans l’Hexagone pour une prise en charge optimisée.
La situation au XXIe siècle
Selon une étude de l’ADEME parue en 2019, près de 330 millions de tonnes de déchets ont été produites en France en 2014. Le français produit en moyenne 800kg de déchets par an, ce qui est au-dessus de la moyenne européenne. Si 98% des Français estiment que le tri des déchets est très important, ils sont bien moins assidus dans les faits : seulement 60% des déchets produits chaque année dans notre pays sont recyclés. Globalement, chaque citoyen paye environ 130 euros par an pour le traitement de ses déchets, une somme en constante augmentation. Dans les chiffres, on constate tout de même que les français font des efforts : ils trient davantage et mieux, quand il s’agit de leurs propres déchets à domicile. On ne peut pas encore en dire autant des entreprises qui tardent à travailler en collaboration avec les fédérations professionnelles et les organismes de revalorisation. Seuls les déchets ultimes, non « compostables » et non valorisables, peuvent toujours être admis dans des centres d’enfouissement technique. Il est néanmoins à noter que 21 millions de tonnes d’émissions de CO2 sont évitées chaque année en France grâce au recyclage.
Les objectifs pour l’avenir
En 2008, la France s’était engagée, au même titre que les autres pays membres de l’Union Européenne, à recycler au moins la moitié des déchets produits sur son territoire à partir de 2020. Cette proportion, pas encore tout à fait atteinte, reste l’objectif principal de l’État en matière de politique environnementale. L’évolution du recyclage pour l’avenir peut combiner plusieurs voies. La première sera probablement technologique, les matériaux auparavant non recyclables devenant petit à petit valorisables grâce aux recherches scientifiques. Une seconde possibilité peut être le retour de la consigne, système qui fonctionne parfaitement en Allemagne ainsi que dans d’autres pays, et qui a été abandonné en France dans les années 1980. Il incite pourtant les consommateurs, via un remboursement partiel, à rapporter verres et autres matériaux aux producteurs ou aux revendeurs. Enfin, une troisième option est envisageable : un mode de consommation alternatif tourné vers une diminution de l’utilisation systématique d’emballages. Puisque le déchet que l’on ne jette pas est celui que l’on ne produit pas, cette option peut prendre une place de plus en plus importante dans notre société afin de diminuer l’impact carbone de nos industries et de réduire l’utilisation du plastique.
La filière française du recyclage
Les acteurs du recyclage en France
Le recyclage en France est un secteur complexe qui concerne plus de 200.000 emplois directs et indirects, réunissant de nombreuses entités et secteurs professionnels. Le premier d’entre eux est l’Union Européenne qui émet des directives et des objectifs généraux pour l’ensemble des pays membres. Vient ensuite l’État qui propose son propre cadre, en France, essentiellement via l’ADEME, et développe ainsi la prévention auprès du grand public. Les acteurs suivants, sont les régions et départements, suivis des collectivités locales et territoriales, qui organisent les plans de collecte et de tri des zones sous leur autorité. Ces derniers travaillent en collaboration avec les entreprises de recyclage, au nombre de 1.500 acteurs pour 3.200 sites de tri dans l’Hexagone. 72% de ces entreprises sont des TPE et des PME avec moins de 20 salariés.
Le recyclage des différents matériaux
Si la filière du recyclage est bien développée dans notre pays, les acteurs professionnels et les collectivités ont encore un grand travail de pédagogie à assurer auprès des particuliers et des entreprises afin d’améliorer la collecte des déchets. Il existe de nombreuses catégories de déchets et il peut être difficile de s’y retrouver pour faire le tri, les méthodes étant parfois différentes d’une région à l’autre… On retrouve néanmoins des systèmes de tri similaires, à savoir une collecte des ordures ménagères dissociée des emballages secs dans de nombreuses collectivités, ainsi que des bennes de tri pour le verre, le carton ou les plastiques. Pour les autres déchets, les particuliers ont accès aux déchetteries où ils pourront déposer les gravats, bois et encombrants, leur mobilier, les métaux, les déchets verts, les textiles ainsi que les DEEE – piles, batteries et Déchets d’Equipements Electroniques et Electriques. Le système est identique pour les entreprises pour les déchets non dangereux des diverses activités économiques. En revanche les déchets toxiques produits par les entreprises, contenant solvants, vernis, colles, goudrons, huiles et DEEE doivent être collectés par des organismes agréés. Il en va de même pour les déchets issus d’activités de soins à risques infectieux des laboratoires et des hôpitaux qui ont leur propre circuit de recyclage. Quant aux gravats des entreprises de travaux publics, ils sont peu revalorisés et sont directement réutilisés dans la construction ou sont enfouis. Enfin, les déchets agricoles ont leur propre filière de traitement, de même que les matières radioactives, gérées par l’Agence Nationale pour la gestion des Déchets Radioactifs, encore peu valorisées.
Recyclage et pollution mondiale
Les pays développés ont à cœur de sauver la planète et d’œuvrer pour l’environnement, mais uniquement sous le spectre de leur propre territoire. Car, nombre de nos déchets tels que les téléphones portables, les divers appareils ménagers, voire même certains déchets toxiques, sont rejetés dans de nombreux pays dits « en voie de développement », comme par exemple de nombreux pays d’Afrique. Or, la préservation de l’environnement est l’affaire de tous, en tout point du monde. Comment peut-on imaginer que la pollution s’arrêterait aux frontières des pays dits « développés »? Il est temps que le monde se réveille pour que chaque centimètre sur Terre, chaque geste, chaque production, soit éco-responsable, protégeant ainsi non seulement l’environnement, mais aussi la faune, la flore, et les êtres vivants.
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