L’après-déchèterie | Quelle gestion du tri et quelles garanties pour l’environnement ?
L’après-déchèterie | Quelle gestion du tri et quelles garanties pour l’environnement ?
La classification des déchets
Définition du déchet : distinction du déchet ménager et professionnel
En Europe, le déchet est défini comme « toute substance ou tout objet dont le détenteur se défait ou dont il a l’intention ou l’obligation de se défaire ». En donnant un statut juridique au déchet, on limite les risques pour l’environnement et la santé publique. Cette qualification induit en effet une obligation pour les États d’organiser la bonne gestion des déchets. Depuis leur collecte jusqu’à leur valorisation ou leur élimination, chaque maillon de la chaîne doit veiller au respect de la santé et l’environnement. Les déchets peuvent être d’origine ménagère, ou bien générés par une activité économique. La gestion des déchets ménagers relève de la responsabilité des collectivités territoriales, dans le cadre du service public de gestion des déchets. En revanche, celle des déchets professionnels revient aux entreprises qui assurent leur traitement via un organisme privé dans le respect des exigences réglementaires.
Tri et recyclage : 3 grandes catégories de déchets
Tous les encombrants ne requièrent pas le même traitement. Selon le cas, ils peuvent être recyclés, brûlés ou enfouis sous terre. De nombreuses matières sont recyclables et peuvent être utilisées dans la constitution de nouveaux objets. Encore faut-il qu’elles soient déposées au bon endroit. Les déchets dangereux sont ceux qui sont inflammables, toxiques et qui présentent un risque pour l’environnement. Leur manipulation est particulièrement réglementée en raison de leur impact environnemental et sanitaire. Par exemple, pour les piles et batteries, le plomb est recyclé, l’acide sulfurique est neutralisé et le mercure est acheminé vers un centre spécialisé. Pour les déchets non-dangereux, la réglementation est plus souple. Il s’agit principalement du papier, du carton, du textile, des déchets verts, du verre, du plastique ou du bois. Ils sont facilement recyclables. On les distingue des déchets non-dangereux inertes. Ces derniers ne se décomposent pas, ne brûlent pas et ne sont pas biodégradables. Pour autant, ils ne présentent pas de risque écologique majeur. Il s’agit surtout des déchets du secteur du bâtiment, comme la brique ou les tuiles.
Traitement spécifique hors déchetterie
Certains déchets nécessitent un traitement différent de la déchetterie. Les ordures ménagères sont par exemple récoltées périodiquement directement au domicile des usagers. D’autres déchets présentent un danger pour l’environnement et la santé des populations. À ce titre, ils font l’objet d’un traitement spécifique. Il s’agit notamment des produits toxiques, des éléments radioactifs ou l’amiante, qui sont particulièrement nocifs. Il faut maîtriser leur impact sur la nappe phréatique et la pollution de l’air. De même, les médicaments ne doivent être recyclés que par les pharmaciens. Le réseau Cyclamed permet de les valoriser. Les pharmacies prennent aussi en charge les déchets contaminés comme les seringues, car ils font l’objet d’un traitement unique. Enfin, les produits explosifs comme les bouteilles de gaz doivent impérativement être retournés à l’endroit où ils ont été achetés.
Le tri comme garantie du respect de l’environnement
Cadre législatif du recyclage
Depuis 1975, l’État français encadre la gestion des déchets en donnant la priorité au recyclage. Une volonté politique d’optimisation du traitement des déchets qui porte aujourd’hui ses fruits. En plusieurs décennies, le tri est entré dans nos habitudes. L’État incite tous les producteurs de déchets à réduire leur volume et à valoriser les matériaux autant que possible. En 2007, le Grenelle de l’Environnement permet de responsabiliser les industriels face au trop-plein d’emballages sur le marché. Ils ont ainsi l’obligation de contribuer à l’un des organismes agréés par les pouvoirs publics (Eco-Emballages, Adelphe, Cyclamed) pour participer à l’élimination de leurs déchets d’emballage. Une véritable réflexion est en lancée sur la question du packaging et des résidus qui génère. La tendance est notamment aux contenants recyclables, dans le cosmétique par exemple. De même, le vrac s’est largement développé dans l’alimentaire. La santé et l’environnement sont au cœur des préoccupations pour garantir tout à la fois des produits qualitatifs et une maîtrise de la pollution.
Objectif de réduction des déchets
Les pouvoirs publics ont pour objectifs de :
- Réduire encore la production de déchets;
- Recycler et valoriser au maximum;
- Développer la valorisation énergétique des résidus ménagers;
- Jouer sur la fiscalité incitative pour limiter le stockage et réduire la production des encombrants.
La réduction des déchets une véritable priorité. Ainsi, le Programme national de prévention des déchets 2014-2020 avait pour but de réduire le poids des déchets ménagers de -7%. Qu’il s’agisse de produits alimentaires, d’équipement ou d’électroniques, une véritable réflexion est entamée à toutes les étapes du circuit économique. La conception, la production, tout comme la consommation de ces produits interagissent sur la production de rebuts. Chacun de ces postes peut être optimisé. En ligne de mire, la réduction des emballages. Selon le Ministère de l’Écologie, du Développement Durable et de l’Énergie, « le meilleur déchet est celui qu’on ne produit pas ».
Préservation des ressources naturelles
Une bonne gestion des déchets permet de préserver les ressources naturelles, tout en limitant les exploitations polluantes. Préserver les ressources telles que l’eau et les matières premières issues du sol, c’est avant tout limiter et optimiser leur utilisation autant que possible afin de réduire les impacts environnementaux. En matière de logement par exemple, la tendance est l’habitat durable. Cela permet de faire face à un accroissement beaucoup trop important des besoins énergétiques. Certaines techniques permettent notamment d’optimiser l’isolation thermique des logements. Par ailleurs, la sélection de produits issus du recyclage permet de limiter l’extraction des ressources naturelles. Certaines entreprises du BTP proposent en effet des matériaux plus verts, comme du béton 100% recyclé issu de granulats collectés lors de la destruction de bâtiments. On favorise également le recyclage des bâtiments eux-mêmes. De manière générale, en généralisant la réutilisation des déchets, on tend à préserver les ressources en péril de notre planète. Ainsi, les déchets de bois sont broyés puis compostés pour une valorisation énergétique. Ou encore des fibres de coton recyclé peuvent être transformées en papier pour l’imprimerie. Ce sont autant de matières premières naturelles préservés pour l’environnement.
Le tri, élément moteur de l’économie circulaire
Lutte contre le gaspillage
On assiste depuis quelques années à l’émergence d’une économie circulaire autour du tri sélectif et du recyclage. Il s’agit de donner du sens aux objets qui nous entourent et de limiter le gaspillage, aussi bien alimentaire que matériel. Le marché de l’objet de seconde main s’affirme grâce à de nombreuses plateformes dédiées aux particuliers, comme Leboncoin ou Vinted. Par ailleurs, de nombreuses associations, telles que le Secours populaire ou Emmaüs, permettent de collecter des vêtements, des livres, des meubles ou des appareils électroménagers, pour venir en aide aux plus démunis. De même, les Ressourceries adossées à certaines déchetteries proposent de collecter les encombrants afin d’alimenter un réseau d’entraide. Ils sont ensuite triés, puis acheminés vers une filière de recyclage de matériaux ou bien valorisés par une réutilisation. Ce faisant, ces organismes sont à la fois acteurs du développement durable et créateurs de lien social, d’emplois et d’insertion professionnelle.
Réemploi des objets
Un manteau remplacé par une veste tendance, du matériel de sport inutilisé, une console de jeu plus performante… Remplacer vos objets ne veut pas nécessairement dire qu’il faille les jeter. Le reconditionné fait d’ailleurs fureur dans le domaine du smartphone. Nombreuses sont les entreprises et les associations qui œuvrent aujourd’hui pour le remploi. Cela contribue à la transition vers un modèle d’économie circulaire. Mais chacun peut également agir à son niveau pour redonner une utilité à ces objets oubliés et prolonger ainsi leur durée de vie. Pour cela, il faut passer par la case réparation. En la matière, les solutions ne manquent pas : réparateurs agréés, repair cafés, tutoriels en ligne pour dépanner son électroménager. Une fois en état d’usage, ces objets que vous auriez destinés au rebut peuvent être empruntés, loués, vendus, donnés ou échangés. Les pouvoirs publics ont d’ailleurs mis en place un portail web spécifique, parrainé par l’Agence de la transition écologique. Le site longuevieauxobjets.gouv.fr aide en effet les particuliers à trouver les solutions pour allonger la durée d’usage des objets.
Nouvelle forme de déchetterie
Depuis 2017, en Gironde, une ancienne déchetterie a créé un modèle inédit aux allures de supermarché. L’idée est de reprendre les codes de la grande surface avec des rayonnages, des linéaires et une signalétique approchante. Pourtant, rien n’est vendu dans ce magasin d’un nouveau genre. Les habitants peuvent tout simplement y déposer des objets et matériaux ou bien en récupérer pour leur usage personnel. Cet espace de 5 000 m² est financé par la taxe d’enlèvement des ordures ménagères de 138 communes situées dans le Libournais. L’objectif est de redonner de la valeur aux déchets et cela fonctionne. Mobilier, jouets ou bricolage, chacun trouve ce dont il a besoin. Peu à peu, les mentalités semblent évoluer positivement en faveur du remploi. En 2020, le site enregistrait une diminution de 15% des déchets enfouis par rapport à l’ancienne déchetterie. Présenter les déchets comme une véritable richesse et permettre à chacun de les valoriser, c’est sans doute une véritable solution pour l’avenir.